Le monde de Suzie Wong est le monde d’hier, celui d’un Hong Kong qui a disparu, quoique pas tout à fait…
Extrait
Si par hasard nous avions faim, elle téléphonait au restaurant du coin et nous faisait apporter un encas. Un quart d’heure après, quelle que soit l’heure, même à deux heures du matin, un coolie frappait à ma porte, une longue canne de bambou sur l’épaule d’où étaient suspendus de part et d’autre deux plateaux, comme ceux d’une antique balance, chargés d’une douzaine de petits plats couverts, avec du poulet, du porc, du poisson et les mille gourmandises chinoises dont je n’ai jamais pu pénétrer les mystères. Le coolie dressait la table sur mon balcon. Cette livraison des repas à domicile, de jour comme de nuit, est courante en Chine, et l’addition est extraordinairement raisonnable si l’on songe au luxe réel de ces repas. Suzie voulait toujours payer, car mon budget l’inquiétait fort, et elle y parvenait quelquefois. Mais si je la devançais, elle me demandait toujours quel pourboire j'avais donné au coolie. J’étais bien obligé d’avouer que je donnais cinquante cents, bien peu de chose au fond.
© Richard Mason, 1957
© Éditions GOPE, 2011, pour la version française
© Éditions GOPE, 2011, pour la version française
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